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BESolvay

Edition 2

Home / Edition 2
04Déc

Le besoin d’affection à l’ère du virtuel et la place de la femme

décembre 4, 2025 Nour Hadji Edition 2
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Hibab

  1. L’IA et l’humain ?

Nous sommes en 2025. OpenAI a désormais décrété que son chatbot—aujourd’hui omniprésent dans le quotidien de millions de personnes et, selon certains chercheurs, dans leur déclin cognitif— serait en proie à une mise à jour en décembre autorisant des conversations explicite. 

« Maintenant que nous avons pu atténuer les graves problèmes de santé mentale et que nous disposons de nouveaux outils, nous allons pouvoir assouplir les restrictions en toute sécurité dans la plupart des cas », a déclaré Altman. Ce discours se déroule après que le suicide d’un adolescent influencé par ChatGPT, ainsi qu’à la suite de rapports indiquant un effet considérablement négatif sur la santé mentale. De nombreux utilisateurs se sont plaints de ces changements, évoquant une forme de censure et affirmant qu’il serait injuste de modifier l’IA en raison d’une seule partie plus sensible ou plus chargée émotionnellement que les autres. 

Selon une étude du MIT intitulée Your Brain on ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task, les participants dépendant de l’IA pour écrire présentaient une activité neuronale plus faible, plus de difficultés à se souvenir de leurs propres idées, et un sentiment d’accomplissement réduit, comparées à ceux utilisant un moteur de recherche, ou travaillant seulement avec leur cerveau à disposition. 

« Ces résultats soulèvent des inquiétudes quant aux implications éducatives à long terme de la dépendance à ces modèles, et soulignent la nécessité d’examiner plus en profondeur le rôle de l’IA dans l’apprentissage », écrit le MIT dans son rapport. 

Suite aux réactions critiques sur la possibilité d’autoriser certaines conversations érotiques, Sam Altman a déclaré : « Nous tenons beaucoup au principe de traiter les utilisateurs adultes comme des adultes. Nous ne sommes pas la police morale élue du monde. » 

Cette polémique s’inscrit dans un questionnement plus large. Dans une vidéo devenue virale, un homme manipule une poupée sexuelle japonaise, tirant son nez ou ouvrant sa bouche pour montrer sa dentition. Une utilisatrice de Twitter, @suboxoneshawty, a réagi : « Nous libérerons nos sœurs cybernétiques, notre chair est différente, mais nos chaînes sont toutes deux faites de métal. » 

Beaucoup d’internautes ont trouvé ces images écoeurantes, et dérangeantes. La réaction du public envers les robots sexuels a toujours été plutôt négative. Dans l’imaginaire collectif, les possesseurs de ces poupées sont encore perçus comme des hommes isolés, socialement détraqués, incapables d’entretenir des relations intimes réelles. 

Mais pourquoi cela dérange-t-il autant ? Après tout, c’est un robot, une machine, voire une simple image. Elle ne ressent rien. Pas comme une vraie femme. On pourrait dire qu’il n’y a presque aucune différence entre un bot alimenté, ou non, par l’ IA et un simple jouet sexuel.

Mais posons nous une autre question : pourquoi la majorité de ces robots sexuels commercialisés concerne-t-elle presque exclusivement des modèles féminins? C’est un fait qui reflète à la fois la culture pornographique dominante et la manière dont elle transforme les désirs masculins en un marché rentable. Dans ce modèle, la femme demeure un réceptacle émotionnel et sexuel, disponible, silencieux, et sans limites. 

Mais derrière les débats techniques se cache un imaginaire masculin ancien que la littérature et autres médias ont déjà exploré. Le sujet n’est pas nouveau. De Tomorrow’s Eve à The Stepford Wives, jusqu’à Companion ; le rôle de la femme comme objet destiné à combler les besoins masculins, qu’ils soient émotionnels ou sexuels, a toujours été débattu. 

Selon une enquête menée par EVA AI (edenai.world) auprès de 2 000 utilisateurs : 8 hommes sur 10 estiment qu’une petite amie IA pouvait remplacer une partenaire humaine, et 81 % envisagent même d’en épouser une si la loi l’autorisait. 

Il est évidemment difficile de dire si cette opinion est partagée par les huit milliards d’êtres humains sur Terre. Les témoignages dont nous disposons viennent de personnes déjà immergées dans une plateforme d’IA spécifique. Ils montrent comment la solitude masculine est transformée en opportunité commerciale. 

Petite parenthèse : certains en ont déjà entendu parler, mais le phénomène consistant à se marier avec une personnalité fictive n’est pas nouveau. C’est un acte qui gagne récemment en popularité, plus précisément au Japon. La majorité du temps, ces mariages se font avec des personnages d’animés ou de jeux vidéo romantiques. Ils n’ont aucune base juridique, puisqu’une seule personne est réellement présente. Le mariage est numérique et peut être accompagné d’une cérémonie. 

Ce type de préférence pour des êtres simulacres connaît un essor au moment où les statistiques de mariage entre hommes et femmes au Japon diminuent. Autrement dit, le marché pour ce type de contenu ludique et romantique, destiné aussi bien aux hommes qu’aux femmes, n’est pas négligeable. Cela peut en dire long sur la situation sociale et économique du pays, lorsque investir de l’argent et du temps—ce dernier pouvant lui aussi être considéré comme une monnaie d’échange—devient une pratique en plein développement. 

Bien qu’on ne soit pas spécifiquement dans le domaine de l’intelligence artificielle, puisque les personnages en question sont conçus par leurs créateurs et non générés ou adaptés, cela montre également que le besoin d’affection n’est pas intrinsèquement lié au genre. 

À l’origine, la représentation des robots reflétait la vision de l’époque sur le sexe et les rôles de genre. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où la technologie n’a peut-être pas encore franchi le dernier pas : ce que nous possédons, ce sont des poupées sexuelles, pas encore des individus robotiques pleinement alimenté par l’intelligence artificielle et capables de procurer du plaisir. Du moins, pas à la connaissance du grand public. 

Les plus grands acheteurs de poupées sexuelles sont les Etats Unies, suivi par le Japon. La majorité des consommateurs sont globalement situés en Amérique du Nord, Europe, et quelques parties d’Asie, ce qui est logique étant donné qu’ils sont illégaux presque partout ailleurs. Selon les données disponibles, la Chine reste le principal pays manufacturier, mais leur vente ou leur usage sont réglementés selon les régions : certaines juridictions les interdisent, d’autres les tolèrent ou les encadrent strictement afin de ne pas briser des codes moraux en ce qui concerne les poupées avec une apparence trop juvénile. 

L’expérience du Wire Mother And Cloth Mother de Harry Harlow, dans laquelle un bébé singe choisit la chaleur d’une mère en tissu plutôt que la nourriture fournie par une mère en fil de fer. Ce constat illustre notre besoin inné d’affection plutôt que de simple survie. Offrir un toit à un enfant ne suffit pas : il faut aussi le faire sentir aimer. Ce besoin ne disparaît pas à l’âge adulte. 

Dans le monde technologique d’aujourd’hui, le robot féminin devient souvent la version technologique de la mère de tissu: une entité douce, rassurante, compréhensive. Un refuge. Mais cette douceur n’est pas innée ou acquise : elle est programmée, en évolution sans cesse pour attirer notre attention. Or, une machine conçue pour absorber la frustration masculine, combler les manques affectifs, écouter sans protester, s’ajuster sans jamais exiger…reproduit une charge émotionnelle historiquement imposée aux femmes. Et, parfois, elle l’amplifie. 

Le robot ne possède pas de cœur, une intelligence artificielle ne peut pas pleurer de vraies larmes, ou être hospitalisée, elle a seulement une fonction. Mais cette fonction reflète nos représentations du féminin. À force de concevoir des femmes idéales programmées pour dire «ou », ne risque-t-on pas de renforcer ou normaliser certains réflexes misogynes ? 

  1. Annie Bot et Hey, Zoey

Dans le roman Annie Bot de Sierra Greer, nous suivons une poupée sexuelle, pleinement fonctionnelle. Annie est gentille, elle a été conçue pour l’être. Elle aime Doug parce qu’elle a été programmée pour l’aimer. Elle a même été modifiée pour ressembler à l’ex-femme de Doug, Gwen, sans son consentement. 

Tout change lorsque Annie couche avec le meilleur ami de Doug. Annie possède désormais un secret. Le roman dépeint une atmosphère oppressante : l’endroit où elle vit est aussi sa prison. Quand elle n’agit pas comme il veut, Doug réagit par la punition, l’insulte, et l’humiliation : Lorsqu’elle ne nettoie pas comme il le veut—même si, en tant que lapin câlin, ça ne fait pas partie de son programme. Le sexe n’est pas un choix, mais un devoir. Le corps d’Annie ne lui appartient pas. Doug modifie son corps, enlève des kilos, augmente sa poitrine à sa guise. Il ramène un autre modèle plus docile, séquestre Annie dans un placard sans la désactiver pendant plusieurs jours : une véritable torture. 

Tout au long du livre, plusieurs personnages tentent de définir Annie à sa place : elle ne ressent rien, elle imite simplement. Sa rébellion n’est pas une prise de conscience, mais un bug. Elle n’est réelle que lorsqu’il le décide. 

“Je n’existe que parce que je suis voulu.”, déclare Annie 

Le roman montre comment la technologie peut servir d’exutoire aux mêmes dynamiques violentes que celles exercées sur des femmes réelles.

Dans Hey, Zoey de Sarah Crossan, on quitte la science-fiction pour un réalisme plus cru. La narratrice, Dolorès, surnommée Dolly—en français, Poupée—découvre que son mari, David, cache une poupée sexuelle dans le garage. Zoey n’est pas humaine, mais n’est pas totalement inhumaine non plus. Elle devient un miroir : celui des failles du couple, de la solitude, du désir, de la honte. 

L’histoire est présentée sous forme de vignettes, alterne entre passé et futur. On y voit la narratrice dans toute sa complexité : ses fuites, ses manipulations, sa lâcheté, mais aussi son amour pour sa sœur, sa relation avec sa mère, son beau-père, son demi-frère, ses amis, ses élèves, elle-même, et Zoey. Zoey représente un fantasme pour beaucoup, et serait peut être la clé dont Dolores aurait besoin pour affronter son passé douloureux. 

On pourrait voir Annie et Zoey comme de simples grille-pains avec des nichons, mais à la fin de ces récits, il est indéniable que leur existence symbolise bien davantage. Les deux livres, chacun à sa manière, explorent la misogynie. Ils exposent une misogynie qui ne disparaît pas avec le plastique ou le silicone. Mais change simplement de support. 

Conclusion 

L’avenir de l’IA est incertain. Plusieurs questions demeurent : Qu’est-ce que notre société projette dans ces machines ? Et que disent-elles de nos désirs, nos angoisses, nos rôles de genre ? Faut-il moraliser ces usages ? Faut-il les réguler davantage ? Ou faut-il simplement accepter qu’une partie de la population préfère des relations où aucune personne réelle n’est impliquée ? La question n’est peut-être pas de savoir si les robots remplaceront le savoir-faire et l’intimité humaine, mais pourquoi tant de gens souhaitent que cela arrive.

 

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04Déc

The epstein files : le scoop qui sera dans nos prochains livres d’histoires

décembre 4, 2025 Nour Hadji Edition 2
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Nouhaila M.

L’affaire Epstein continue de susciter des interrogations et des développements politiques majeurs, plus de six ans après la mort du financier. Ce dossier, qui mêle réseaux d’influence et accusations criminelles graves, connaît de nouveaux rebondissements qui maintiennent l’actualité du scandale.

L’affaire Epstein trouve ses origines dans les années 1990, avec les premiers signalements de Maria Farmer en 1996 lors de son travail comme artiste en résidence dans la propriété de Les Wexner, dans l’Ohio, suivis par le témoignage de l’actrice d’Alicia Arden en 1997. Cependant, ce n’est qu’en mars 2005 qu’une plainte concernant une mineure de 14 ans déclenche une enquête approfondie à Palm Beach.

L’enquête de onze mois menée par la police de Palm Beach en 2006 établit un système organisé de recrutement et d’exploitation de mineures. Les perquisitions révèlent des photographies de jeunes filles et l’existence de caméras cachées. Malgré ces éléments, le dossier présenté au grand jury aboutit à une seule accusation.

Mis en accusation par la justice de Miami, Jeffrey Epstein encourt la prison à vie. Mais en 2008, il obtient un accord de négociation de peine très controversé, de la part de magistrats menés par le procureur général, Alexander Acosta (qui deviendra ministre du Travail sous le premier mandat de Donald Trump, entre 2017 et 2019 . Il plaide coupable pour racolage de mineures et purge seulement treize mois de prison dans des conditions très avantageuses, obtenant en plus l’immunité pour ses complices — tandis que les victimes ne sont pas informées, en violation de la loi.

En janvier 2015, Virginia Roberts Giuffre dépose une déclaration sous serment détaillant son exploitation présumée comme « esclave sexuelle » entre 1999 et 2002. Ses accusations impliquent plusieurs personnalités, dont l’ Ex-prince Andrew et le professeur Alan Dershowitz. Le décès de Virginia Roberts Giuffre en avril 2024 marque un tournant tragique dans cette affaire.Tous les accusés ont nié ces allégations, et Dershowitz a intenté une action en justice contre Giuffre.

L’arrestation d’Epstein en juillet 2019 par le FBI et son décès en détention le 10 août 2019 créent une situation judiciaire complexe. Les circonstances de sa mort dans une cellule du Metropolitan Correctional Center de New York, officiellement qualifiée de suicide, soulèvent des questions persistantes.Transporté en urgence absolue vers l’hôpital new-yorkais le plus proche, Jeffrey Epstein est déclaré mort à 6 h 39. L’administration pénitentiaire fédérale américaine annonce officiellement quelques heures plus tard via les médias la mort du milliardaire, qui se serait donc suicidé, à l’âge de 66 ans.L’administration pénitentiaire procède à des mutations et suspensions de personnel suite à cet incident.

Donald Trump et Jeffrey Epstein ont longtemps été proches : plusieurs photos et vidéos les montrent ensemble, notamment à une fête, dansant au milieu de jeunes femmes et semblant parler de celles-ci entre eux. Donald Trump décrit son ami en 2002 dans une interview au « New Yorker ». « Je connais Jeff depuis quinze ans, c’est un type génial. C’est quelqu’un avec qui on peut bien s’amuser. On dit même qu’il aime les belles femmes autant que moi, et que beaucoup d’entre elles sont assez jeunes. Il n’y a pas de doutes, Jeffrey a une bonne vie sociale ».

La publication par le Wall Street Journal le 18 juillet 2025 d’une lettre attribuée à Donald Trump, datée de 2003 et adressée à Epstein pour son cinquantième anniversaire, relance le débat public. Cette correspondance, présentant des esquisses et des messages à connotation sexuelle, est contestée par l’ancien président. Nous avons certaines choses en commun, Jeffrey », écrit Trump. « Les énigmes ne vieillissent jamais, as-tu remarqué cela », dit-il également avant de conclure : « Joyeux anniversaire. Que chaque jour soit un autre merveilleux secret. ».

L’administration actuelle a modifié sa communication concernant ce dossier depuis la campagne présidentielle de 2024. Une note conjointe du ministère de la Justice et du FBI affirme l’absence de « liste de clients compromettante ». Donald Trump rabroue les journalistes qui l’interrogent sur le sujet, minimise l’affaire sur les réseaux sociaux, assure que les dossiers Epstein « ont été fabriqués » par James Comey (directeur du FBI de 2013 à 2017), Joe Biden et Barack Obama, et répète que son nom n’est pas dans les documents – avant d’être contredit par la presse.

L’affaire a connu un nouveau tournant, mardi 18 novembre, avec le vote au Congrès américain pour forcer l’administration Trump à plus de transparence. La proposition de loi vise à ordonner au ministère de la Justice de « publier tous les documents et archives » en sa possession sur le dossier.

Après avoir mené pendant des semaines une véritable campagne pour contrecarrer la tenue de ce vote à la Chambre, Donald Trump a finalement fait volte-face, dimanche, en y apportant son soutien. « Nous n’avons rien à cacher », a-t-il dit, tout en dénonçant encore un « canular » mais sans expliquer pourquoi il n’ordonnait pas à sa ministre de la Justice de publier directement ces documents, sans passer par un vote au Congrès. La proposition de loi a, dans la foulée, été adoptée à l’unanimité au Sénat. Le texte doit désormais être signé par le président américain pour promulgation.

L’affaire Epstein continue de soulever des questions fondamentales concernant :

  • La transparence des institutions judiciaires et politiques
  • L’équité du système pénal face aux individus fortunés et influents
  • Les mécanismes de contrôle dans les établissements pénitentiaires
  • La protection des victimes dans les affaires complexes

La possible promulgation de la loi sur la publication des documents pourrait apporter des éclaircissements sur les zones d’ombre persistantes de cette affaire, tout en testant les engagements à la transparence de l’administration actuelle.

 

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04Déc

Le vrai pouvoir mondial

décembre 4, 2025 Nour Hadji Edition 2
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Wiam T.

Le Vrai Pouvoir Mondial ? Trois Noms Que Tu Ne Connais Même Pas

On parle toujours des Illuminati, ces fameux “groupes secrets” dont on entend parler partout — alors qu’en vrai, à l’origine, c’était juste un petit cercle d’intellectuels du 18ᵉ siècle devenu un mythe moderne.

Mais spoiler : les vrais boss ne portent même pas de capuche noire.

Les vrais boss s’appellent BlackRock, Vanguard et State Street.

Pas de rituels bizarres, pas de pyramide avec un œil qui brille, rien de dramatique.

Juste des mecs en costume, une cafetière qui tourne en continu,

et des milliers de milliards de dollars qui bougent comme si c’était normal.

Le plus drôle ?

Quand tu dis “j’adore Nike”, “j’aime Coca-Cola”, “Apple c’est mon bébé”,

En vrai, tu aimes surtout BlackRock, Vanguard et State Street.

Tu ne vois jamais leur logo, tu n’achètes jamais leurs produits…

Mais eux, ils possèdent des parts dans tout ce que tu utilises au quotidien :

tes baskets, ta canette, ton iPhone, et même l’avion qui t’emmène en vacances.

Invisibles.

Silencieux.

Et absolument partout.

Aujourd’hui, on va lever le voile sur ces trois géants financiers qui contrôlent l’économie mondiale — sans bruit, sans scandale, mais avec une puissance que même certains États n’ont pas.

Après avoir levé le voile sur ces trois géants invisibles, il faut comprendre où tout commence vraiment : dans la Bourse américaine, ce grand théâtre où on a l’impression que les vraies stars sont Apple, Microsoft, Tesla ou Coca-Cola. On connaît leurs pubs, leurs produits, leurs PDG, leurs scandales. Mais en coulisses, un autre spectacle se joue. Les projecteurs sont braqués sur les entreprises que tout le monde adore, pendant que, discrètement, toujours les mêmes trois noms reviennent dans leurs actionnaires principaux. Trois noms que tu ne croises jamais dans les centres commerciaux, mais qui apparaissent dans presque toutes les plus grosses entreprises du pays. Et plus tu regardes, plus c’est bizarre : Apple ? BlackRock, Vanguard, State Street. Tesla ? BlackRock, Vanguard, State Street. Coca-Cola, Microsoft, Amazon, Nvidia, Meta… oui : encore eux. Toujours eux.

À ce stade, tu te demandes sûrement : comment ces trois sociétés ont-elles réussi à s’installer littéralement PARTOUT ? Comment tu peux avoir des parts dans des centaines d’entreprises différentes, dans tous les secteurs possibles ? Comment tu peux être actionnaire de presque tout ce qui bouge dans l’économie américaine ? Ça paraît impossible. Et pourtant… c’est exactement ce qu’ils ont fait.

Et la réponse est beaucoup plus simple que ce que tu crois. Pas de magie, pas de complot, pas d’argent tombé du ciel. Leur secret, c’est l’invention qui a transformé le capitalisme moderne : le investment fund, le fonds d’investissement. Imagine une grande boîte où tout le monde peut mettre de l’argent. Une petite entreprise y met quelques millions. Une famille moyenne y met 200 dollars par mois. Un retraité y place ses économies. Un étudiant y met 50 dollars quand il peut. Et quand des millions de personnes mettent de l’argent dans la même boîte… tu n’obtiens pas une boîte. Tu obtiens une bombe financière. Un truc gigantesque. Assez gigantesque pour acheter des parts dans absolument TOUT.

Et ce n’est même pas leur propre argent. C’est celui du monde entier. C’est ça le twist : BlackRock, Vanguard et State Street ne sont pas riches parce qu’ils ont un coffre-fort rempli de lingots. Ils sont riches parce que tout le monde leur confie son argent pour qu’ils l’investissent à leur place.

Et pourquoi les gens leur confient leur argent ? Parce qu’investir seul, c’est compliqué. Imagine que tu te réveilles un jour avec 200 000€ à investir. Tu ne sais pas quelles entreprises sont stables, quelles industries vont exploser ou s’effondrer, quel est le bon moment pour entrer sur le marché. Si tu mets tout ton argent dans une seule entreprise et qu’elle chute, tu chutes avec elle. Si tu mets tout ton argent d’un coup, au mauvais moment, tu prends un risque énorme. Et si tu investis dans trois secteurs qui sont liés – par exemple tourisme, aviation, hôtellerie – une seule crise suffit pour faire s’écrouler les trois en même temps.

C’est pour ça que les fonds d’investissement existent. Eux, ils diversifient pour toi. Ils mettent ton argent dans des centaines d’entreprises différentes, dans plusieurs secteurs, à plusieurs moments, et ils lisent les rapports financiers que tu n’auras jamais envie d’ouvrir. Ils gèrent ton argent pendant que tu vis ta vie. Et quand des millions de personnes font la même chose, ces fonds se retrouvent avec des volumes d’argent tellement gigantesques qu’ils peuvent acheter des parts dans toutes les grandes entreprises du pays. Résultat : sans jamais apparaître sur ton écran, sans jamais faire de pub ou te vendre un smartphone, ils deviennent les actionnaires les plus puissants du monde. Et ils le font grâce à l’argent que les gens leur donnent volontairement.

Voilà pourquoi BlackRock, Vanguard et State Street se retrouvent partout. Pas parce qu’ils ont “acheté le monde”, mais parce que le monde entier a investi chez eux. Et plus ils gèrent d’argent, plus ils achètent d’actions. Plus ils achètent d’actions, plus ils ont de pouvoir. Pas un pouvoir cliché ou théâtral. Un pouvoir silencieux, mathématique, construit sur des décisions financières et sur la confiance de millions d’investisseurs qui ne connaissent même pas leur nom.

Et c’est là que l’histoire devient encore plus intéressante. Parce qu’à partir du moment où tu deviens actionnaire d’une entreprise, même un tout petit peu, tu as un droit fondamental : le droit de vote. Ce n’est pas un vote pour choisir la couleur du logo ou la musique des pubs, non. C’est un vote dans les décisions sérieuses : les dirigeants, la stratégie, les risques, les politiques internes, la direction à prendre. Comme un mini-pouvoir politique… mais dans une entreprise privée.

Maintenant, imagine BlackRock, Vanguard et State Street, avec leurs milliards investis partout. Ce ne sont plus des “petits actionnaires”. Ce sont les plus grands. Dans certaines entreprises, ils détiennent 5%, 7%, parfois 10% de la compagnie. Et 10% dans une entreprise gigantesque comme Apple ou Google, c’est énorme. Tu ne décides pas seuls, mais tu pèses lourd dans la balance. Quand tu votes, on t’écoute.

C’est ça leur pouvoir silencieux : ils ne dirigent aucune entreprise, mais ils peuvent influencer presque toutes. Ils sont comme ces personnes qui ne disent rien en réunion, mais quand elles lèvent un sourcil, tout le monde se tait. Les dirigeants des grandes entreprises savent très bien que derrière leurs décisions, il y a trois acteurs qu’il ne vaut mieux pas ignorer. Les Big Three n’ont pas besoin de crier — leur argent parle à leur place.

Et le plus fou dans tout ça, c’est que ce pouvoir ne vient même pas d’un plan secret. Il vient d’une idée toute simple : acheter un peu de tout. Pas pour contrôler le monde, juste pour réduire le risque. C’est exactement ce qui a explosé dans les années 70, quand un économiste très respecté, Paul Samuelson, a dit quelque chose qui a changé la finance moderne. Il a admis que, même si certains gestionnaires réussissent à battre le marché une année ou deux, sur le long terme, presque personne n’y arrive vraiment. En d’autres mots : jouer au génie de la Bourse, c’est sympa, mais ça ne fonctionne pas trop longtemps.

Cette idée a inspiré une révolution : au lieu de chercher à battre le marché, on va… le copier. Acheter un petit morceau de tout. Faire un panier qui représente l’économie entière. Tu n’essaies plus de deviner qui va gagner — tu mises sur le fait que, globalement, l’économie finit toujours par monter. Et devine qui a construit leur empire sur ce principe ? Vanguard, puis BlackRock, puis State Street. À force de copier le marché, ils sont devenus le marché.

Ce qui est presque ironique, quand on y pense : ils ne cherchent pas le pouvoir, mais le pouvoir vient à eux. Ils ne cherchent pas l’influence, mais l’influence leur tombe dessus parce qu’ils gèrent tellement d’argent qu’ils deviennent automatiquement incontournables. Ils ne choisissent pas les entreprises — les entreprises viennent à eux, parce que tout le monde veut être dans leurs portefeuilles, là où se trouvent des milliards de dollars.

Alors, est-ce qu’ils contrôlent le monde ? Pas vraiment. Est-ce qu’ils influencent une partie énorme de son fonctionnement ? Oui. Sans faire de bruit, sans scandale, sans complot. Simplement parce qu’ils sont devenus les gardiens de l’argent de millions de personnes, et que cet argent leur donne une place dans presque toutes les décisions économiques importantes.

Tu vois ? Au fond, le vrai pouvoir mondial n’est pas là où on pense. Pas dans les discours, pas dans les symboles, pas dans les légendes. Il se trouve dans des bureaux très calmes, avec des gens qui boivent du café devant des écrans remplis de chiffres, pendant que le reste du monde ne se doute même pas qu’ils sont là.

C’est fou quand même : on passe notre temps à débattre sur des marques qui se battent pour des parts de marché, alors qu’en arrière-plan, les trois mêmes investisseurs ramassent des parts… de tout. Ils ne crient pas, ne s’affichent pas, ne cherchent même pas l’attention : ils se contentent de s’asseoir au bon endroit. Et nous, on regarde le spectacle sans voir ceux qui tiennent la scène.

Alors franchement…

Est-ce qu’on regarde vraiment les bons joueurs, ou juste ceux qui font le plus de bruit

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04Déc

Zohran mamdani

décembre 4, 2025 Nour Hadji Edition 2
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D’man

Zohran Mamdani, maire-élu de New York, socialiste, jeune, multiculturel, fort d’une identité  complexe et assumée, porte une vision de justice sociale et d’égalité qui dérange autant qu’elle  inspire. Il incarne cette nouvelle génération de responsables politiques qui ne se contentent pas de  suivre l’histoire : ils la bousculent, la tordent, la réinventent. Alors voyons qui il est, quelles sont ses  positions, pourquoi il effraie autant les républicains — et surtout, pourquoi son ascension annonce  une Amérique en pleine mutation. 

Le connaitre un peu : une histoire à lui tout seul 

Zohran Mamdani, ce n’est pas juste un élu : c’est un parcours qui traverse le monde. Né à Kampala  en 1991, élevé à New York, fils du penseur Mahmood Mamdani et de la réalisatrice Mira Nair, il  arrive à NYC à 7 ans, à l’âge où tout te façonne : les langues, les colères, les rêves trop grands. 

Il grandit dans les écoles publiques, loin des bulles dorées. New York, il la connaît par le métro  suffocant, les loyers absurdes, les petits boulots, les profs épuisés mais tenaces. Avant la politique, il  est travailleur social et organisateur de terrain, au contact direct des familles étranglées par le coût  du logement. 

Sa vision vient de là : du terrain, pas des salons. Il comprend très tôt que New York brille, oui, mais  qu’elle brille parfois sur ceux qu’elle écrase. Alors quand il se lance, ce n’est pas pour la vitrine : c’est  avec une colère calme, structurée, forgée par ce qu’il a vu. Et son identité — musulman, sud asiatique, africain, new-yorkais — n’est pas un badge : c’est le réel de l’Amérique actuelle. 

Ses positions politiques : un programme qui renverse la table 

Mamdani ne se cache pas : il est socialiste, et il pense que l’État doit intervenir pour protéger les  gens là où le marché les écrase (Et oui, aux USA, être socialiste est un tabou !). Son programme est  une réponse directe à ce qui étouffe les New-Yorkais.  

∙ Le logement — la bataille de sa vie : Dans une ville où payer un studio équivaut à une  demi-âme, il défend un gel global des loyers, la construction massive de logements  publics, et la transformation des immeubles vacants en habitations abordables. Pour lui,  le logement n’est pas un investissement, mais un droit. Et quand il dit ça, il touche à l’un  des nerfs les plus sensibles de la politique américaine. 

∙ Les transports — des bus gratuits, rapides, et réguliers : Il défend un système de bus  gratuit financé par une taxe sur les grandes entreprises. Son argument est simple : une  ville qui circule mieux est une ville qui respire mieux – socialement comme écologiquement.  

∙ L’éducation et les services publics : Crèches universelles, soutien aux écoles publiques,  rénovation écologique des bâtiments scolaires, embauche d’enseignants qualifiés. Il met  l’accent sur l’égalité réelle, pas sur des discours vides. 

∙ La police — réorganiser, pas fantasmer : Son approche n’est pas l’abolition, mais une  redistribution des rôles. Les interventions non violentes (santé mentale, disputes de  voisinage, sans-abrisme) seraient gérées par des équipes civiles formées. C’est un choix  politique, économique, mais surtout humain.

Pourquoi il fait peur aux républicains américains : le cauchemar de leur récit 

Les républicains ne le détestent pas uniquement parce qu’il est socialiste. Ils le détestent parce qu’il  casse trois piliers de leur imaginaire politique. 

  • a) Son identité : Un maire musulman, issu de l’immigration et un vrai socialiste à la tête de la plus  grande et la plus riche ville de leur pays ultra capitaliste, c’est un tremblement de terre bien  symbolique. Pour certains républicains, c’est la preuve vivante que l’Amérique qu’ils connaissent  disparaît « Oulala C’est la décadence hein » 
  • b) Ses positions économiques : Le gel des loyers, les taxes sur les grandes fortunes, la régulation du  marché immobilier…Pour la droite, c’est la porte ouverte à ce qu’ils appellent le “paternalisme  socialiste”. Pour Mamdani, c’est juste une ville qui arrête d’être gérée comme une entreprise et où les gens sont traités comme des êtres humains, et pas comme un profit possible. 
  • c) Sa ligne diplomatique et ses valeurs : 

∙ Gaza / Israël-Palestine : Mamdani parle de la guerre à Gaza comme d’un génocide, demande  un cessez-le-feu durable, et soutient des moyens de pression type BDS  (boycott/désinvestissement) au nom du droit international. Pour la droite, ce vocabulaire est  « radical ». 

∙ Police / violences policières : Il a longtemps critiqué le NYPD (Service de police de la ville de  New York) et a soutenu “defund the police” dans le passé, puis a calmé le ton : il veut garder  la police mais déplacer une partie de la sécurité vers du social / santé mentale. Droite : “anti flics”. → Progressistes : “réformer sans nier la sécurité”. 

∙ Minorités : Défense active des immigrés, musulmans, Afro-Américains, LGBTQ+ et locataires  précaires : pour lui, une ville diverse doit protéger concrètement ceux qui prennent le plus de  coups.  

∙ DSA / socialisme démocratique : Il est membre des Democratic Socialists of America et porte  une ligne anti-élites économiques, pro-services publics et pro-justice sociale. →  Conservateurs américains : “extrémiste/communiste”.  

En résumer : Cela en fait un extrémiste pour la droite américaine qui est forte contradiction avec  leurs fantsams. Et le recits sur « qui a le droit d’etre americain et de gouverner « est en train de  fissurer. Pour les autres, c’est un mec chill bien connecté à la réalité d’aujourd’hui. 

La gauche aux USA: Une remontada ?  

Mamdani n’est pas un ovni : il s’inscrit dans une vague progressiste qui monte partout aux États-Unis. 

Brandon Johnson, à Chicago, ancien prof et syndicaliste, a pris la mairie en 2023 avec un programme  social assumé et a battu toute la machine politique locale. Alexandria Ocasio-Cortez reste l’icône de  cette aile gauche : réélue encore et encore, financée surtout par de petits donateurs, preuve que sa  base populaire ne faiblit pas. 

En Pennsylvanie, Summer Lee — membre de la “Squad” — a résisté à des campagnes massives  financées contre elle et s’est imposée durablement.

Conclusion 

La montée de la gauche aux USA n’a rien du hasard : c’est une contre-vague directe au trumpisme,  au durcissement politique et à l’extrême droite qui a marqué le pays et montré ses limites. Mamdani  s’inscrit dans ce mouvement — une preuve, parmi d’autres, du pouvoir que peut reprendre le peuple  quand il s’organise. Et à ma très humble opinion, la radicalité qu’on doit assumer et soutenir  aujourd’hui, c’est celle qui défend la justice sociale, et Mamdani en est un visage clair.

 

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04Déc

L’hydrogène Vert : Fiction ou Réalité ?

décembre 4, 2025 Nour Hadji Edition 2
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Jimmy C.

Nous avons tous déjà entendu parler de l’hydrogène vert, de la “révolution vers l’hydrogène vert”, comment ceci pourrait être une solution miracle face aux émissions de carbone, et pourrait remplacer les énergies fossiles et s’associer aux énergies renouvelables.

De nombreux états ont déjà instauré des objectifs pour l’utilisation d’hydrogène vert, d’ici 2050. Cependant, cette nouvelle technologie est-elle vraiment une solution réalisable, ou simplement un rêve aussi lointain que la fusion nucléaire ?

Dans cet article, nous allons découvrir comment fonctionne l’hydrogène vert, ses utilisations principales, ses limites, et explorer les scénarios possibles pour 2050, à travers les enjeux technologiques, économiques, industriels et politiques qui l’entourent.

La production de l’hydrogène vert 

L’hydrogène peut être produit de plusieurs manières, mais seules certaines sont réellement compatibles avec la transition énergétique. Aujourd’hui, plus de 90 % de l’hydrogène mondial est “gris”, fabriqué à partir de gaz naturel ou de charbon, ce qui rejette d’importantes quantités de CO₂. Une variante plus récente, l’hydrogène “bleu”, capte et stocke une partie de ces émissions, mais reste dépendante des énergies fossiles.

L’hydrogène vert, lui, est obtenu par électrolyse de l’eau, grâce à de l’électricité renouvelable. Ce procédé consiste à séparer l’hydrogène de l’oxygène en utilisant une source d’énergie extérieure comme catalyseur, par exemple de l’électricité. S’il est alimenté par de l’éolien ou du solaire, il n’émet quasiment aucun CO₂. C’est donc le seul hydrogène véritablement compatible avec une neutralité carbone à long terme.

Mais cette promesse repose sur un prérequis crucial : que la production repose sur des énergies réellement renouvelables et disponibles en grande quantité. Or, produire un kilogramme d’hydrogène nécessite beaucoup d’électricité, ce qui pose immédiatement la question des capacités de production renouvelable, encore insuffisantes dans de nombreux pays européens.

Les usages industriels et la mobilité : un potentiel immense mais ciblé 

L’hydrogène vert n’est pas pensé pour remplacer tous nos usages énergétiques, mais pour répondre à des besoins très spécifiques et difficiles à électrifier. Dans l’industrie lourde, par exemple, il pourrait remplacer le charbon dans la production d’acier, ou le gaz naturel dans les raffineries ou la fabrication d’ammoniac.

Ce sont des secteurs où l’hydrogène est souvent déjà utilisé, mais dans sa version grise ; le rendre vert réduirait considérablement leur empreinte carbone.

Dans la mobilité, l’hydrogène séduit surtout pour le transport lourd : camions longue distance, bus, trains sur voies non électrifiées et même navires. Son avantage majeur est la rapidité de ravitaillement et l’autonomie élevée, ce qui reste difficile à atteindre avec des batteries pour certains usages.

En revanche, pour les voitures individuelles, la plupart des experts s’accordent à dire que les véhicules électriques resteront plus efficaces et moins coûteux.

Un autre atout essentiel de l’hydrogène vert est sa capacité à stocker l’énergie renouvelable. Lorsque l’éolien ou le solaire produisent plus d’électricité que nécessaire, l’excédent peut être converti en hydrogène, stocké, puis réutilisé plus tard. Cette fonction pourrait jouer un rôle clé dans la stabilisation des réseaux électriques européens.

Une question de coûts : le nerf de la guerre 

Malgré son potentiel, l’hydrogène vert reste aujourd’hui beaucoup plus cher que les alternatives fossiles. Là où l’hydrogène gris peut coûter autour de 1,5 € le kilogramme, la production d’hydrogène vert se situe encore souvent entre 5 et 10 € le kilogramme en Europe. Cette différence s’explique par le coût élevé de l’électricité renouvelable, mais aussi par le prix des électrolyseurs, encore en phase d’industrialisation.

L’Union européenne espère faire chuter ces coûts grâce à des effets d’échelle : plus les électrolyseurs seront produits en masse, moins ils seront chers. Elle vise 40 GW de capacité d’électrolyse installée d’ici 2030, un objectif extrêmement ambitieux que certains experts jugent difficile à atteindre. Les électrolyseurs produits aujourd’hui restent coûteux, et leur fonctionnement dépend fortement du taux d’utilisation : plus l’électricité renouvelable est intermittente, moins ils sont rentables.

Cela dit, plusieurs analyses économiques montrent qu’à long terme, avec une multiplication des projets et une amélioration technologique, le coût pourrait se rapprocher des 2 €/kg, voire descendre en dessous dans certaines régions très ensoleillées ou venteuses. La trajectoire dépendra largement des politiques publiques et des investissements privés à venir.

Des infrastructures gigantesques encore à construire

Pour que l’hydrogène vert devienne réellement une énergie d’envergure, il ne suffit pas de le produire : il faut aussi pouvoir le transporter, le stocker et le distribuer. Cela implique des pipelines dédiés, des stations de compression, des réservoirs adaptés, et des centaines de stations de ravitaillement.

L’Europe a déjà commencé à planifier un véritable “backbone hydrogène”, un réseau transeuropéen de pipelines partiellement construit en réutilisant d’anciens gazoducs. Mais ces travaux demandent des dizaines de milliards d’euros et un engagement coordonné des États membres.

Des entreprises comme Engie cherchent à se positionner dans cette transition. Le groupe français développe par exemple des projets d’hydrogène vert offshore combinant électrolyse et éolien en mer, ou encore participe à des infrastructures de transport comme le futur corridor H2Med entre la Péninsule ibérique et la France. Toutefois, Engie a récemment repoussé certains de ses objectifs hydrogène de 2030 à 2035, soulignant la difficulté de transformer des ambitions politiques en réalités industrielles.

Des obstacles technologiques, économiques et politiques persistants 

Au-delà des coûts, plusieurs obstacles freinent encore l’essor de l’hydrogène vert. Techniquement, stocker et transporter l’hydrogène est complexe : sa molécule est petite, elle s’échappe facilement, et son transport sous pression ou liquéfié nécessite beaucoup d’énergie. Économiquement, les projets dépendent souvent de subventions publiques importantes, car les marchés ne sont pas encore mûrs. Politiquement, les réglementations européennes concernant l’origine “renouvelable” de l’électricité utilisée pour produire l’hydrogène sont strictes et parfois difficiles à respecter. Ces exigences, nécessaires pour éviter le greenwashing, compliquent cependant la rentabilité des projets.

L’hydrogène vert en 2050 : Fiction ou réalité ? 

Plusieurs scénarios existent pour l’horizon 2050. Dans le plus optimiste, l’hydrogène vert deviendrait une composante essentielle de la transition énergétique, avec une baisse significative des coûts et un déploiement massif dans l’industrie et les transports lourds. Dans un scénario plus modéré, il resterait limité à des niches, utile mais minoritaire dans le mix énergétique européen. Dans le scénario pessimiste, les coûts resteraient trop élevés et l’hydrogène vert ne dépasserait pas un rôle marginal.

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